dimanche 16 janvier 2011

J'ai lu "Nationale 7 - Un road-trip à la française"

La Nationale 7 c'est un peu comme un conte. Alors je peux bien commencer cette chronique de Nationale 7 - Un road-trip à la française par « Il était une fois... »

Il était une fois la Nationale 7 et deux voyageurs, Albéric d’HARDIVILLIERS, l’écrivain, et Mathieu RAFFARD le photographe. Un jour ils décident de prendre la route. Dans tous les sens du terme, et même de la géographie. Ils partent et, comme tous les voyageurs dignes de ce nom, se mettent en état de « vacance », disponibles, à l'écoute des gens, des paysages, des histoires et des choses. Du coup, Nevers ou Montélimar deviennent aussi prometteurs et intéressants que Pékin ou Istanbul. Question de point de vue. Restait à voir sur place.

Pour rester dans la métaphore photo, sur place et selon l'angle de vue, les panneaux publicitaires à la sortie d'Orange ressemblent étrangement à ceux que l'on trouverait sans doute aux abords d'une ville du Kansas ou d'ailleurs. C’est encore plus évident quand on voit certaines photographies de ce livre, qui ne sont pas sans rappeler quelques tableaux de Hopper, qui n'est pourtant jamais venu à Magny- Cours ni à Varennes sur Allier. Des intérieurs désolés, des flippers qui attendent dans un coin, des pompes à essence, des voitures à l'arrêt. Seule différence : une Mercedes à la place d'une Cadillac. Toutes les photos de ce livre racontent des histoires, aussi bien qu’un portrait ou qu’un paysage. Le hasard ou la composition rendent certaines photos absolument superbes. Les sites s'y prêtent. Et l'œil du photographe fait le reste.

Les textes, de courts chapitres sur la page de gauche, comme le veut cette collection, sont le plus souvent consacrés aux rencontres, aux gens. Car au fil des kilomètres se produisent les rencontres les plus improbables, donc les plus belles, avec des gens ordinaires mais indispensables qui se confient volontiers et dont l'auteur fait le portrait. Des gens avec des tas d’histoires, ou, au contraire, pas assez d'histoires. Des gens comme vous et moi. En tout cas comme moi, qui connais bien ce centre de la France que je fréquente encore, en prenant ce qui reste de la nationale 7, en traversant ces mêmes villes et villages, mais sans avoir le regard, la présence d'esprit, le talent d'en faire un livre. Heureusement que d'autres s'en chargent.

Extrait – « Entre les chambres d’hôtel, identiques d’Istanbul à Pékin, et toutes les voix que nous ne comprenions guère, nous finissions par trouver à Roscoff et Saint-Étienne un caractère d’étrangeté aussi prometteur que Kashgar ou Aden. Nous avions envie de pouvoir réentendre les gens, de pouvoir rattacher les paysages à une histoire plus ou moins connue et l’idée d’un voyage sans exotisme, à l’exotisme défloré, ne nous déplaisait pas. Ce que nous voulions aussi, c’était retrouver la route et ses penchants : cigarettes cérémonieuses posées le long du jour comme des balises, vent chaud, cheveux poussiéreux, villes inconnues, et la chaleur surtout, qui brûle les derniers restes d’orgueil. Alors, quand il a fallu partir, nous n’avons pas hésité longtemps. » Collection La Clé des champs.

Avec une postface de Pierre Stragiotti. Éditions Transboréal 2008.

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