vendredi 4 novembre 2011

J'ai lu "Jean-Jacques Rousseau à 20 ans" de CLaude Mazauric


Dans cette collection consacrée à des auteurs classiques et qui retrace « l’aventure de leur jeunesse », on révisera bien ses connaissances sûr tout la jeunesse de Jean-Jacques Rousseau, sur ses hésitations, sur comment il s’est construit, notamment avec quelques rencontres décisives comme celle avec Mme de Warrens. Ce livre a un autre intérêt pour le lecteur familier des rives du Léman, d’Annecy et de Chambéry, c’est d’y suivre sur le terrain ou presque, la trace du futur « penseur universel de la destinée humaine ».
Mais la lecture de ce récit des années de jeunesse de Jean-Jacques Rousseau m’a surtout interpellée sur un thème : le voyage, la façon de se déplacer, de voyager au XVIIIème siècle.

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève le 28 juin 1712. Après une enfance sur laquelle je ne m’étends pas ici, Jean-Jacques, désirant un beau jour s’échapper de cette ville, se rend à Annecy. « Minuscule événement au regard de l’histoire générale, la première rencontre de Jean-Jacques et de Françoise de Warrens entre les 21 et 24 mars 1728 est un événement considérable au regard de l’histoire littéraire et philosophique du siècle parce qu’elle scelle le début d’une relation qui a permis à Rousseau d’échapper à un destin de petit fugitif, sans nom ni destin prévisible. » Rousseau le fugitif a 16 ans, il est déjà sur les routes.

Après Annecy, Rousseau le fugitif, est encore sur les routes. Il va à Turin. Il revient. « L’errance est déjà pou lui, qui n’a pas 20 ans, une vielle compagne. » Et « la route d’Annecy est longue, incertaine, plus ou moins joyeuse. » Mais l’accueil est chaleureux, comme on le sait : « Pauvre petit, te revoilà donc ? » 

Mazauric rappelle que Rousseau « a connu les plus vives émotions en cheminant le long des rives des lacs de Suisse et de Savoie ou en naviguant sur leurs eaux enchanteresses. » Et que ces « lieux enchanteurs » serviront de décor et de cadre romantique à La Nouvelle Héloïse. Après un voyage à Lyon en 1730, c’est en 1931, en quinze jours de marche et en compagnie d’un soldat, que Rousseau traverse le Jura et la Bourgogne et arrive à Paris. Puis il revient, mais cette fois à Chambéry, « poser son bagage » aux Charmettes, retrouver « Maman ». En quatre ans, à pied, Rousseau a parcouru La Savoie, le Piémont, la Suisse romande et l’est de la France. Ces voyages, lents, aux lendemains parfois imprévus, ont certainement formé les goûts de Rousseau pour l’amour des plantes qui bordent les chemins, pour « la lenteur du temps qui préserve le voyageur de l’impatience et lui garantit une solitude propice au rêve. » Et la « pratique libératrice, donc éducative du voyage à pied » se retrouvera dans Émile ou de l’éducation. « Nous ne voyageons donc point en courriers, mais en voyageurs. Nous ne songeons pas seulement aux deux termes, mais à l’intervalle qui les sépare. Le voyage même est un plaisir pour nous. (…) Je ne conçois qu’une manière de voyager plus agréable que d’aller à cheval ; c’est d’aller à pied. (…) Je passe partout où un homme peut passer ; je vois tout ce qu’un homme peut voir ; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir. »

D’autre part, les voyages permettent les rencontres. Quand on voyage on s’instruit… En septembre 1937 il part pour Montpellier consulter un médecin. A cheval d’abord, en chaise à partir de Grenoble, voyage « certes plus onéreux mais qui favorise les rencontres et qui s’accompagne d’un hébergement dans les auberges qui peut se faire plaisant ». Autrement dit Madame de Larnage, avec qui Jean-Jacques découvre le plaisir pendant quelques nuits. Valence, Montélimar, Pont-Saint-Esprit, le pont du Gard, Nîmes, Lunel, Montpellier. Et retour à Chambéry ou une mauvaise surprise l’attend (qui va à la chasse…) Plus tard, en 1743, Rousseau se rend en Italie par Lyon, Marseille, Gênes – où il est mi en quarantaine à cause de la peste – Milan, Vérone, Padoue et Venise. Sept semaines de route !

On a du mal à imaginer ces voyages, les conditions dans lesquelles les voyageurs traversaient les plaines et les montagnes. Mais ils les faisaient, parce qu’il n’y avait par d’autres moyens. Et la lecture de cette biographie des vingt première années de Rousseau a permis, en plus d’apprendre ou de se rappeler des informations sur la vie du philosophe, de fournir une occasion de revenir sur ce thème des voyages, grâce à un « marcheur » qui a laissé beaucoup d’écrits sur le sujet.

Les premières lignes : « Juin ou Juillet 1730, à Lausanne ou à Vevey. Sur les bords du lac Léman, qu’on appelle quelques fois à l’est de l’étendue d’eau le lac de Genève, un jeune homme rêveur, entrant dans sa dix-neuvième année d’existence, emprunte le chemin qui serpente le long de la rive et s’assoit sur une « grosse pierre » ; il médite, s’interroge sur son sort présent, peu enviable à ses yeux, imagine ce que pourrait être son destin à venir qu’il voudrait composé de « mille félicités innocentes ».

Claude Mazauric. Jean-Jacques Rousseau à vingt ans. Un impétueux désir de liberté. Au diable vauvert 2011.

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